2022 Reportage carpes

SESSION HIVERNALE (février 2022)…

Après une saison précédente un peu tronquée, dûe aux conditions sanitaires, il faut  bien saisir chaque opportunité pour pratiquer notre loisir et tenter de capturer des carpes ou à défaut de passer un moment convivial au bord de l’eau…

Seulement, en hiver, les conditions de pêche sont différentes d’un mois de juin, les températures risquent de varier rapidement d’un jour à l’autre, des périodes de gel peuvent succéder à la pluie…or comme chacun le sait les poissons réagissent plus ou moins bien selon la température de l’eau dépendante elle-même de l’ensoleillement et de celle de l’air…

Alors contrairement aux saisons où les températures se réchauffent, ou restent relativement constantes, les sessions peuvent être assez difficiles à prévoir en terme de date, d’appât, d’intendance…et s’adressent le plus souvent à quelques habitués.

Il faut bien garder en tête que le temps qu’il va faire les jours précédant  et durant notre sortie va jouer un rôle essentiel dans la réussite de celle-ci. De plus les poissons ne vont pas réagir de la même façon que durant d’autres périodes de l’année et chercher le peu de nourriture disponible là où il y a un peu de vie à cette saison. N’oubliez pas que nous sommes en hiver et que depuis quelques temps le milieu vit au ralenti…

Alors le plus important dans un premier temps va être de localiser les poissons, ou du moins de trouver un endroit qu’ils sont susceptibles de  fréquenter à un moment de la journée ou de la nuit. Comme les carpes ne sont pas très actives, elles vont faire le minimum de déplacement pour glaner le peu de nourriture dont elles auront besoin pour maintenir leur état de forme en tâchant d’équilibrer la balance entre dépenses et apport énergétique.

C’est pour cette raison qu’en période de froid, je vais avoir tendance à poser mes montages près des refuges (là où les carpes se sentent en sécurité, zones de repos) et en bordure en faible profondeur (là où l’activité aquatique continue) dont le peu de soleil va réchauffer l’eau.

Le rendez-vous est pris pour cette première sortie de l’année…

Nous sommes le vendredi 4 février, il est 17h…j’arrive au bord de l’étang de Lamothe-Montravel pour une session au cœur de l’hiver. La température est plutôt fraîche, 6/8°C, un léger vent de sud-est me pique un peu le visage. Je commence à déballer mon matériel sans perdre un instant car la nuit tombe vite en ce moment et je n’aime pas trop m’installer dans la pénombre. Guillaume, un ami va me rejoindre avec un de ses copains Michaël. Il n’est pas trop habitué à pêcher dans ces conditions mais possède une solide expérience. Michaël est novice en la matière et n’a pas fait beaucoup de sortie depuis ses débuts mais une session qu’ils ont faite ensemble en septembre lui avait bien plu avec quelques poissons intéressants à la clé. Il souhaitait se joindre à nous pour une première hivernale.

Pour ma part, ce n’est pas une nouveauté, je pratique depuis pas mal d’années et j’essaie de me faire une sortie en saison froide de temps à autre.

Je décide de tendre mes lignes sur le poste n°2,  «le héron» et d’installer mon campement dans la cabane derrière lui, ce qui est assez pratique et m’évite de sortir le biwy. Avec un petit chauffage d’appoint on sera bien et abrité du vent.

Je pose mon premier montage vers la gauche, à 4/5 m du bord vers le saule pleureur à une quinzaine de mètres du poste. Le fond est dur composé de graviers, dans 80 cm d’eau, sur une légère pente remontant d’une zone plus profonde (2,70m). L’eau est très claire, je vois bien le fond, la discrétion est de rigueur car si près du bord des poissons en maraude pourraient me voir.

Mon amorçage très léger composé de baby corn, maïs doux et tiger nuts en mélange avec des petites graines, accompagne une tiger et un maïs flottant en montage D rig sur un hameçon n°6 (tous mes bas de ligne sont en fluoro carbone).

Mon deuxième montage est posé à 50m de moi vers la gauche entre les deux pointes (voir plan de l’étang) sur une tâche de gravier que je connais bien dans 1,80m de profondeur. L’Objectif est d’intercepter un poisson en déplacement vu qu’il n’y a pas de refuge autour. Une pop-up 14mm, parfum épice décollée de 5cm sur un montage 360°( hameçon n°4) constitue mon piège avec un mélange léger de pellets épices et bouillettes écrasées en guise d’amorçage répartis sur 10m autour.

Mon dernier montage, en bonhomme de neige (bouillette flottante au-dessus d’une dense) parfum tutti frutti est expédié vers ma droite à 4/5 m d’un amas de branches en milieu de l’étang. Un amorçage précis à proximité est réalisé avec un mélange de baby corn, pellets, maïs doux et quelques billes coupées en morceaux.

Sachant que l’activité des carpes est fortement réduite je préfère utiliser des petites particules odorantes afin de ne pas gaver les poissons qui mettront plus de temps à digérer. Durant ce temps mes deux acolytes sont arrivés sur le poste « Ecrevisse » (n° 3). Guillaume, pose un montage à 5m à droite de l’amas de branches du milieu (le même que ma troisième ligne), sur un fond moelleux avec une pop up tutti frutti légèrement décollée sur un hameçon n°4 en 360° dans 2m de profondeur, accompagnée d’une chaussette soluble (stick pour les anglais) contenant des bouillettes broyées et du baby corn ainsi que quelques billes autour. Son deuxième montage est lancé à 15m devant cet amas de branches avec le même type de présentation au même parfum, sur un fond dur sans gravier dans une profondeur de 1,80m.

Sa troisième ligne est positionnée en pleine eau sur un fond dur de 1,80m, à 25m à droite du refuge central à 50m de son poste avec une petite bouillette à base épice crustacé, suivi d’un amorçage léger à la bille.

Michaël qui s’est installé un peu plus tard a mis deux cannes à droite de ce poste à proximité de la berge opposée dans 80cm d’eau sur un fond sableux et devant l’arbre mort en sortie de l’anse dans 1,50 m de profondeur sur un substrat un peu mou. Sa première canne est eschée avec une petite bouillette épice crustacé en bonhomme de neige avec quelques-unes autour. Sa deuxième ligne pêchera à la tiger nuts sur un amorçage graine et pellets.

A noter que chacun d’entre nous utilise des coules bannières (back leads) pour plus de discrétion, afin que les poissons évoluant prés de nos montages ne sentent pas les fils, le but étant de les plaquer au fond jusqu’au plomb.  

Il fait maintenant nuit, la soirée commence près du barbecue allumé pour faire cuire notre repas mais aussi pour passer ce moment au chaud.

Il n’y a aucune activité, pas un saut, pas un mouvement sur l’eau comme si l’étang était endormi. Nous en profitons un peu pour discuter de nos stratégies, de montage et d’anecdote…nous sommes conscients aussi qu’il ne faut pas s’attendre à une multitude de départs. Un ou deux poissons serait déjà bien…

23h15… à peine couché depuis ½ heure un bip suivi de la lumière rouge sur ma centrale nous mets en alerte, un second s’ensuit quelques minutes plus tard. Il y a de l’activité sur ma canne  à la graine près du bord…au nouveau bip je saute dans mes chaussures et mon blouson pour aller voir de plus prés. Au pied de mon support de canne je surveille mon scion dans la lueur de ma frontale, j’attends un peu dans ce froid nocturne avant de décider de me remettre au chaud…fausse alerte, pourquoi rien ne s’est produit ? Je me rendors sur ces questions.

3h45… une succession de bip nous réveillent, une lumière bleue clignote de la centrale de Guillaume, puis plus rien… de nouveau la lueur revient accompagné de cette sonnerie agréable annonçant un départ, mais calme, par à-coups. Guillaume est déjà en route. Son appel nous donne le signal pour se lever, il a un contact. Dans la lueur de sa lampe je distingue le bout de sa canne plutôt bien courbée, c’est bon signe. Le comité d’accueil se prépare pour recevoir cet invité surprise !

Le poisson semble décidé à garder le fond, sans faire de grandes envolées, mais en opposant son poids à chaque traction. Cela me paraît être une belle prise…

Au bout d’une quinzaine de minutes de va et vient la surface de l’eau éclate sous un coup de queue, le reflet de la lune danse sur les vaguelettes ainsi formées. Un remous remonte devant l’épuisette puis la carpe apparait dans l’éclairage de la frontale à quelques centimètres sous la surface. Je ne bouge plus, je le laisse glisser la belle dans le filet, le piège se referme sur elle en douceur, le combat est fini…c’est beau et nous ne sommes pas trop de deux pour la lever et la poser sur le tapis. Une belle grosse miroir est là, devant nous, à vue d’œil, certainement une des plus imposantes du lieu.

Le face à face n’aura pas était féroce, mais c’est l’hiver les poissons ne sont pas trop virulents…

Le verdict du peson tombe en même temps que notre stupéfaction…21kg !!!

Le record de l’étang est battu une nouvelle fois en quelques mois. En mai je l’avais établi à 20,200kg ; en octobre un ami avait monté les enchères à 20,400kg et là l’aiguille monte encore !!!

FA-BU-LEUX  pour un étang de cette taille !!!

En pêchant régulièrement ici j’ai toujours espéré que la barre de 20kg soit franchie un jour. Au vu du nombre de prises ces dernières années au-dessus de 18 et 19 kg je sentais que ce jour était proche mais je n’imaginais pas qu’un poisson de cette taille puisse nager ici…

Alors le voici ce nouveau record placé à 21kg !

Cette émotion mérite bien l’ouverture d’une petite bière, malgré l’heure avancée de la nuit et le froid ambiant.

Dès la première nuit le but est atteint, un poisson et pas des moindres…à la pop up tutti et chaussette soluble.

A peine le temps de finir notre bouteille que la même canne repart, 30 min seulement après avoir été relancée, c’est fou d’autant plus en plein cœur de l’hiver. Ce coup-ci Michaël se saisit de la canne et engage le combat. Le scion plie moins que tout à l’heure mais le poisson résiste bien, plusieurs départs virulents alternent avec des moments de calme où la carpe colle le fond. L’épuisette pas encore égouttée reprend un bain forcé pour accueillir cette nouvelle arrivante. Bien que ce nouveau face à face n’ait pas duré longtemps cette belle commune affiche un poids honorable de 9,9kg qui ravit notre collègue…

Une deuxième prise à la même présentation, les poissons sont ici, notre session est déjà belle. Il ne manque plus qu’une pièce pour moi et ce serait parfait…

Au petit jour, une légère brume survole l’étang apportant un aspect magique à cet instant, un vol de grues se distingue par son bruit caractéristique au-dessus de nous sans que l’on puisse les voir annonçant la fin des températures froides. Je contrôle tous mes montages, je remets un peu de pellets autours de chacune d’elle  et du maïs doux sur celle  du bord. Je ne touche plus à rien de la journée, tout est pêchant ! Mes collègues font de même l’attente peut recommencer…

La journée assez froide, attisée par un vent sud-est, se passe sans rien de nouveau. Pourtant nous avons observé une petite activité de poisson en bordure du côté des cannes de Michaël et un peu autour des branches mortes au milieu. Un peu de blanchaille y manifeste sa présence vite rappelée à l’ordre par une chasse de brochet.

Le soir approche, la température chute en même temps que le soleil se couche, la nuit s’annonce froide. Je n’ai touché que ma canne à la graine près du bord pour changer l’hameçon et passer sur un n°4. Durant la journée j’ai ajouté quelques boules d’amorce sur le coup afin de créer une zone plus attractive.

La soirée s’annonce bien, nous avons bon espoir… face au plat de truffade auvergnate nous discutons de montage, des poissons venus nous voir la veille, d’appât, de nos sessions de pêche…je me couche quand même avec l’inquiétude d’un capot pour démarrer ma saison…ça craint, mais je garde espoir pour cette dernière nuit.

Le réconfort d’un bon plat chaud, au feu de bois, en plein hiver…rien de tel pour le moral.

4h… un signal sonore accompagne la lumière rouge de ma centrale, puis un second dans la foulée. Je garde l’œil et j’espère ne pas revivre le même scénario qu’hier. Un nouveau bip me décide à sortir du lit pour aller voir de plus prés. Un nouveau bruit me fait accélérer le pas sur l’herbe gelée craquant sous mes pieds. Arrivée sur place rien ne bouge…je fais demi-tour lorsqu’un sifflement me fait revenir sur mes pas. Mon fil ne se déroule pas, mais ne se détend pas non plus, mon écureuil (swinger) tressaute, puis descend légèrement…j’hésite, je ne sais pas si le poisson est piqué vu qu’il ne part pas. J’éclaire mon scion afin de voir si quelque chose bouge. Dans la petite lueur je distingue une tension qui le tord un peu, suffisamment pour m’inciter à saisir la canne et effectuer une légère tirée. Le contact est établi, je la tiens, Guillaume me rejoint  en prenant l’épuisette dont le filet est raidi par le gel.

Au bord dans si peu d’eau, le poisson remonte de suite, les coups de queue crèvent la surface à plusieurs reprises et la carpe est bien visible dans la lumière de ma frontale, aucun doute c’est un amour blanc ! Vu la touche je m’en doutais un peu.

Il est assez joli quand même et accuse le poids de 9kg. Compte tenu de la température et de sa fragilité, il est remis à l’eau immédiatement sans passer par la case photo.

Je suis quand même satisfait, ma pêche de bordure a payé et chacun a pris son poisson. Bien sûr j’aurai aimé passer les 10kg mais c’est déjà bien pour une première sortie de l’année.

Je repose mon montage, une petite poignée de baby corn et maïs doux par-dessus et je me recouche en rêvant d’une nouvelle prise matinale…

Malheureusement ce sera tout pour cette session, le bilan est quand même très satisfaisant, un nouveau record est établi, chaque touche a fini sur le tapis et mes deux novices en pêche d’hiver sont heureux. Nous avons passé un bon moment, convivial et c’est cela le principal.

Le parfum tutti frutti a eu la préférence, la bonne présentation en décollé a fait le reste. L’amorçage léger avec des petites particules a été payant sur la canne de Guillaume et sur la mienne près du bord. Des petits appâts, bien présentés au bon endroit ont fait la différence.

Comme je le disais en présentation, la localisation du poisson, bonne présentation, amorçage léger et discrétion sont les piliers en pêche hivernale.

 La saison commence bien, espérons que nous éviterons de nouvelles contraintes.
Continuons de rêver…

A chaque jour un nouveau rêve….

Merci à Mika et Guillaume pour m’avoir accompagné ce week end et merci aux Auvergnats d’avoir inventés la truffade…                                                        

Xavier